L’on dit souvent que l’Amour dépasse la mort. Mais que feriez-vous si vous tombiez éperdument amoureux(se) de la Mort incarnée sous les traits d’un(e) beau/belle jeune homme/femme ? Le film que je vous propose aujourd’hui traite au mieux cette relation singulière, tirée du très célèbre mythe grec. Découvrons ensemble un chef-d’oeuvre du cinéma français, Orphée de Jean Cocteau.
Réalisation : Jean Cocteau
Année de production : 1949
Récompense(s) : aucune malgré deux nominations (catégories : « meilleur film » au BAFTA Awards / Orange British Academy Film Awards en 1951et « revenants et fantômes » au Cinéma fantastique français en 2012)
Acteurs principaux : Jean Marais (Orphée), Maria Casarès (la Princesse), Marie Déa (Eurydice), François Périer (Heurtebise) et Juliette Greco (Aglaonice)…
L’histoire
Orphée est un poète à succès, une gloire nationale. Entraîné par hasard au milieu d’une bagarre généralisée, il assiste à la blessure d’un de ses jeunes concurrents. Il se retrouve alors réquisitionné par une étrange princesse afin de l’aider à emmener le blessé à l’hôpital.
Très vite, il sera confronté à d’étranges phénomènes, ce qui ne l ’empêchera pas d’essayer de revoir la belle inconnue et ce, malgré l’amour qu’il porte à Eurydice, sa tendre épouse.
Rapidement, il réalisera que cette belle princesse dont il finit par tomber amoureux n’est autre que la mort.
Cette dernière, par jalousie, décidera d’emmener Eurydice dans le monde des morts.
Pour essayer de la ramener, à moins que ce ne soit pour aller à la rencontre de la mort, Orphée décidera de se rendre dans l’autre monde.
Il réussira in extremis à faire revenir Eurydice à la vie mais sous condition : Orphée ne pourra plus jamais la regarder sous peine de la renvoyer à jamais dans le néant.
Mon avis sur ce film
Attention Chef d’œuvre !
Ou comment faire d’un mythe grec particulièrement représentatif de cette culture un film moderne en conservant une partie des codes de l’antiquité.
Ce film fait tout simplement partie du Panthéon des grands films de l’histoire du cinéma international.
Des dialogues ciselés comme des objets d’art, des décors très travaillés et des paysages choisis finement. Voici les principaux ingrédients de ce film qui n’a pourtant jamais reçu de récompenses.
Mais au delà de tout cela, ce qui marque dans « Orphée » est l’omniprésence de la poésie dans les scènes comme dans les dialogues. C’est la touche du grand maître Jean Cocteau.
Le casting est composé de monstres sacrés. Jugez-en : Jean Marais, Juliette Greco, François Périer et la très impressionnante Maria Casares qui illumine de tout son talent les scènes dans lesquelles elle joue.
Ce film, en réalité, n’a aucun point faible, si ce n’est qu’il ne plaira pas à tout le monde tant sa structure sort de l’ordinaire et que l’action laisse la place aux émotions et à la beauté.
Il fait partie de ces films à voir et à revoir indéfiniment tant on en découvre ou redécouvre les aspects au fur et à mesure.
Et pour prolonger le plaisir, il fait partie d’une trilogie avec « Le testament d’Orphée » et « Le sang d’un poète », à voir également impérativement !
Les secrets de tournage
Adaptation d’un mythe
Jean Cocteau s’est inspiré du mythe grec d’Orphée et Eurydice. Il n’a pas hésité à le moderniser de telle sorte que cette histoire puisse être intemporelle.
Tournage du film
Entre septembre et novembre 1949, l’ensemble des scènes ont été tournées en Île de France : Saint-Cyr-l’Ecole, Chevreuse (abords de la vallée) et à Paris (Place des Vosges).
Effets spéciaux
Afin de créer une ambiance déstabilisante, plusieurs procédés ont été utilisés : inversions de pellicules (décors à l’envers), miroirs « liquides » (porte d’accès entre le monde des vivants et celui des morts) et négatif de photos de paysages (ajout d’éléments réalistes mais d’apparence lugubre). Cocteau insistait sur le fait que le monde des défunts devait sembler réaliste.
Ordre de missions de la Mort
Dans ce film, la Mort ne choisit pas ses victimes au hasard. Elle reçoit des ordres par le biais de «messages cryptés». Les messages codés qu’elle reçoit sont semblables à ceux que l’on pouvait entendre pendant la guerre sur Radio Londres.
Bande annonce du film
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