En l’an 2000, Thomas Hart Dyke a été l’otage des FARC en Colombie durant plusieurs mois. Pour survivre, ce jeune homme, horticulteur de métier, a imaginé dans sa tête « Le Jardin du Monde ». Il lui a donné vie une fois rentré chez lui dans le Sud-Est de Londres. Une merveille !
Le destin de Thomas Hart Dyke pourrait faire l’objet d’un film. Sa vie a commencé paisiblement, au sein d’une famille aristocrate, propriétaire du château Lullingstone au Royaume Uni. Très vite, il a développé une passion pour les arbres et les plantes. Il a d’ailleurs suivi des études à cet effet au Sparsholt College Hampshire.
Ce passionné de botanique, qui est devenu horticulteur, s’est alors mis à parcourir le monde à la recherche de la plante rare, un peu l’image de ces naturalistes britanniques qui ont marqué l’époque victorienne. Son tour du monde était financé par la société royale d’horticulture du Royaume-Uni.
Après avoir arpenté les sols de l’Indonésie, du Maroc et de l’Australie, le jeune horticulteur âgé de 24 ans, a décidé d’explorer la forêt tropicale de Darién, une zone vierge et méconnue située entre la Colombie et le Panama.
Au cours de ses voyages, il a rencontré un autre aventurier en herbe, Paul Winder. Il l’a convaincu de le suivre en Colombie.
Prisonniers des FARC
Cinq jours après avoir posé les pieds sur le sol colombien, Thomas Hart Dyke et son acolyte ont été faits prisonniers par les FARC. Ces derniers ont prétendu que les deux britanniques étaient des trafiquants de drogue ou des agents secrets de la CIA. Une rançon de 5 millions de dollars par personne a été demandée pour leur libération.
Durant 9 mois, les deux britanniques ont vécu un véritable enfer : maltraitance, conditions de vie inhumaines, maladies, menace de mort… Pour tenir le coup, le jeune botaniste avait en sa possession un petit carnet. Il l’a noirci de dessins et d’informations.
Jour après jour, Thomas a dessiné une carte du monde en forme de jardin planisphère. Il créait « le Jardin du Monde » dans sa tête. Il le visualisait, il réfléchissait à chaque essence de plante qui pouvait y trouver sa place. Un vrai travail intérieur qui l’a aidé à tenir debout.
Le 16 décembre 2000, avec Paul Winder, il a enfin été libéré par les FARC.
Le Jardin du Monde voit le jour au château Lullingstone
Il est rentré chez lui, au château Lullingstone dans le Kent. Un site historique qui ne faisait plus recette. Les parents de Thomas Hart Dyke avaient en effet une épée de Damoclès au- dessus de leur tête. Pourraient-ils garder cette demeure familiale ? Les coûts pour son entretien étaient faramineux et les visites n’étaient pas assez nombreuses pour faire face au prix du temps qui passe.
Thomas Hart Dyke n’avait pas oublié son projet de « Jardin du Monde ». Il en a parlé à sa famille. Celle-ci lui a donné son feu vert. Thomas pouvait réaliser son rêve dans le parc du château.
Après avoir coécrit avec Paul Winder, un livre sur leur calvaire au cœur de la jungle colombienne, « The cloud garden » et fait l’objet de plusieurs documentaires de télévision, il a retroussé ses manches. Durant des années, il a travaillé d’arrache-pied, entouré d’une équipe formidable, et il a créé « le Jardin du Monde ».
Pour l’anecdote, il a laissé le soin à deux cochons de labourer la terre avant de passer à la phase des plantations.
Aujourd’hui, « le Jardin du Monde » concentre huit milles espèces. Chaque continent, chaque pays est représenté sous le prisme d’essences rares.
Thomas Hart Dyke reste un aventurier. Il part régulièrement aux quatre coins du monde pour dénicher la plante « introuvable ».Dans quelques mois, il va mener une expédition botanique en Israël.
Le Jardin du Monde est en constante évolution. Cet horticulteur désormais connu dans le monde entier, entend bâtir une maison pour les orchidées tropicales et terminer une autre partie chère à son cœur : le jardin miroir.
Informations : Le Jardin du Monde, Château de Lullingstone, Eynsford, Kent. Site : lullingstonecastle.co.uk