Le Pape François a publié une encyclique, intitulée « Laudato si’» («Loué sois-tu »), le 18 juin dernier, à destination des chrétiens du monde entier.
Objectif: mobiliser les habitants de la terre autour du thème du changement climatique et inciter les pouvoirs politiques à agir vite.
C’est une première.
Le Pape François est connu pour prendre position sur des sujets de son temps.
Le mois dernier, il a choisi d’impliquer l’Église dans le débat du changement climatique.
La protection de l’environnement est depuis toujours au cœur de ses préoccupations.
D’ailleurs, il aurait choisi le nom de Saint François d’Assise, celui qui « aime et préserve la création » en raison de son attachement profond à Mère nature.
Le thème de l’environnement avait déjà été évoqué par Benoît XVI et Jean-Paul II, mais cette encyclique marque d’une pierre blanche l’engagement de l’Église sur ce terrain.
Elle est publiée quelques mois avant la tenue de la Conférence des Nations unies sur le climat (COP21), qui aura lieu à Paris du 30 novembre au 11 décembre.
Un message de poids
Cette encyclique devrait « parler » à 1,2 milliard de chrétiens à travers le monde. Ces derniers vivent très majoritairement dans les pays en développement.
La parole du pape résonne dans de nombreux pays, comme au Brésil, au Nigéria, et aux Philippines, où les problèmes liés à l’environnement sont importants.
Extrait Encyclique « Laudato si’ »
« J’adresse une invitation urgente à un nouveau dialogue sur la façon dont nous construisons l’avenir de la planète. Nous avons besoin d’une conversion qui nous unisse tous, parce que le défi environnemental que nous vivons, et ses racines humaines, nous concernent et nous touchent tous. Le mouvement écologique mondial a déjà parcouru un long chemin, digne d’appréciation, et il a généré de nombreuses associations citoyennes qui ont aidé à la prise de conscience. Malheureusement, beaucoup d’efforts pour chercher des solutions concrètes à la crise environnementale échouent souvent, non seulement à cause de l’opposition des puissants, mais aussi par manque d’intérêt de la part des autres »
Que dit l’encyclique ?
L’encyclique du pape François désigne l’homme comme le responsable principal du réchauffement climatique.
Il en appelle donc à l’humanité toute entière pour réduire de manière significative les émissions de gaz à effet de serre.
Pour les négociateurs qui auront la mission de parvenir à un accord sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre à la fin de l’année lors du COP 21, avoir le pape pour partenaire, c’est du pain béni!
Car la voix du Souverain pontife a une portée considérable à travers le monde entier.
Dans son encyclique, le pape déclare, sans prendre de gants, que l’homme est le principal responsable du changement climatique, en raison notamment de l’activité humaine et de la combustion des énergies fossiles.
Les causes humaines doivent donc être maîtrisées. Le pape explique qu’il est vital de réduire les émissions de dioxyde de carbone et d’autres gaz hautement polluants.
Le Souverain pontife évoque aussi la dette climatique des pays du Nord envers les pays du Sud. Pour lui, certains Etats devraient supporter un coût bien plus élevé de la transition énergétique.
Le pape François milite en filigrane pour plus d’égalité et de solidarité, sur le plan écologique.
Il rappelle quelques évidences : l’économie actuelle et la technologie ne viendront pas à bout de tous les problèmes environnementaux car, selon ses propres mots, « les problèmes de la faim et de la misère dans le monde ne se résoudront pas simplement par la croissance du marché ».
Égalité et solidarité
Dans cette encyclique, il est aussi question de l’eau, qui est un « droit humain fondamental ».
L’accès à l’eau devrait être reconnu comme un « droit humain fondamental et universel », alors qu’actuellement « la tendance est de privatiser cette ressource et de la soumettre à la loi du marché ».
Enfin, l’encyclique met en lumière un problème majeur, qui ne cessera de se développer dans les années à venir : l’afflux des réfugiés climatiques.
« Les peuples en voie de développement, où se trouvent les réserves les plus importantes de la biosphère, continuent d’alimenter le développement des pays les plus riches au prix de leur présent et de leur futur. […] Ils fuient une misère aggravée par la dégradation de l’environnement, sans être reconnus comme des réfugiées par les conventions internationales ».
Le pape François a jeté un pavé dans la marre.
Les défenseurs de l’environnement, croyants ou non, ont tous salué son geste.
Voici une vidéo traitant de la publication de l’encyclique « Loué sois-tu »:
[youtube http://www.youtube.com/watch?v=llEXNHyWokU]