On dit souvent des artistes et des intellectuels d’exception comme Mozart ou Einstein, qu’ils étaient à la frontière de la folie.
Le génie est-il réellement lié à un déséquilibre mental ? Ou est- ce une fausse croyance, qui nous rassure ?
Nous pouvons dérouler le fil de l’histoire de ces hommes qui ont marqué leur temps, par leur vivacité intellectuelle et créatrice. Bon nombre d’entre eux ont connu des parcours tortueux.
Avec nos mots d’aujourd’hui, nous pourrions dire que certains souffraient de bipolarité, et d’autres d’autisme.
Des tourments et des lumières
Les exemples ne manquent pas. Les historiens, les psychiatres et les scientifiques se sont penchés sur certains hommes qui ont écrit la grande histoire.
Il apparaît ainsi qu’Albert Einstein aurait été atteint du syndrome d’Asperger, que le mathématicien John Nash, prix Nobel d’Economie -dont la vie a été racontée dans le film « Un homme d’exception » -était schizophrène, et qu’Honoré de Balzac et Virginia Woolf étaient sous le coup d’une psychose maniaco-dépressive.
L’idée que les génies souffrent de troubles mentaux date de la nuit des temps.
Durant l’Antiquité, Platon reconnaissait que les génies étaient « hors d’eux-mêmes ». Cette idée que la folie pouvait engendrer le génie, a connu son apogée à la Renaissance. Les mélancoliques étaient à cette époque des personnes à part, au-dessus du commun des mortels.
Ce que dit la science aujourd’hui, qui s’est penchée sur ce sujet.
Depuis 1950, l’étude de la créativité en psychologie connaît un véritable essor. Sur le plan de la créativité dite artistique, les résultats semblent converger sur une même tendance : les individus créatifs dans le domaine des arts seraient plus vulnérables aux troubles psychologiques.
Ils présenteraient, entre autres, des taux élevés d’alcoolisme, de dépression, d’abus de drogues, d’états maniaques, d’anxiété, ou encore de troubles psychotiques.
Des études ont été conduites sur d’autres champs inhérents à la création : la science, l’industrie, la politique…
Le lien entre la créativité et les troubles mentaux est beaucoup moins évident, lorsqu’un environnement « stabilisant » permet de canaliser les facteurs de créativité et d’élaborer une production créative.
En d’autres termes, un écrivain ou un peintre, envahi par des vagues d’émotions, peut s’engouffrer plus facilement dans les méandres de la souffrance mentale, alors qu’un chercheur, par exemple, cadré par un environnement concret et matériel, a moins de risque d’être submergé par des douleurs affectives.
Les génies ne souffrent pas tous de folie
À Lausanne, le laboratoire de neurosciences cognitives du Brain Mind de l’Ecole polytechnique fédérale, qui a récemment entrepris une étude sur ce sujet, confirme que tous les génies ne souffrent pas de « folie ».
Certes, il existe des cas de souffrance mentale, mais bon nombre de grands cerveaux ont aussi des vies normales, voire banales.
Pour entrer dans la catégorie des « génies », il faut avant tout avoir des aptitudes cognitives exceptionnelles. Les scientifiques vont se concentrer sur ces fameuses facultés cognitives qui font de certains êtres, des génies.
Pour l’heure, sous l’IRM, l’éclair de génie reste encore un mystère.
Pour aller plus loin, le livre : « Le génie et la folie », de Philippe Brenot, éditions Odile Jacob.
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