En Europe, du Moyen-Age au XVIIème siècle, de nombreux ecclésiastiques sont confrontés à des dénonciations de sorcières dans les villages. Qu’est-ce que les procès en sorcellerie peuvent nous apprendre ?

 Des témoignages terrifiants… 

Nombreux sont les juges et inquisiteurs à avoir été confrontés au problème. Certains d’entre eux livrent des témoignages qui font froid dans le dos.

Les sorcières sont plus volontiers des femmes que des hommes. Elle sacrifient des enfants, signent des pactes avec leur sang, dansent lors des sabbats…

 

Quel crédit apporter à ces témoignages ?

De nos jours, le problème est souvent de démêler le vrai du faux dans ces sources horrifiques. Il est en effet acquis qu’on accusait volontiers de sorcellerie les femmes éprises de liberté, comme celles qui avaient des amants hors mariage ou qui avaient trop de pouvoir sur leurs contemporains masculins. 

 

Citons quelques cas très connus. 

Jeanne d’Arc se mêle trop d’affaires politiques et fait des jaloux car dit être inspirée par Dieu.

Gilles de Rais, l’abominable « Barbe bleue », certes versé dans l’alchimie et pratiquant des actes troubles, commet surtout le grand crime d’être plus riche que bien des souverains.

Léonora Dori, grande noble très proche de la reine Marie de Médicis, devient indécemment riche et se fait condamner à mort pour pratiques occultes.

On soupçonne fort que la plupart des aveux de sorcellerie aient souvent été extirpés par la force. 

 

Faut-il réellement tout croire de ces aveux ?

Une croyance populaire de l’époque est de dire que la sorcière reçoit lors du sabbat une marque sur le corps, pour prouver ses actions maléfiques.

Les inquisiteurs ont alors beau jeu de pister les taches de naissances, grains de beauté et fraises sur le corps des prévenues… Ils y enfoncent des aiguilles et estiment avoir trouvé la marque quand l’accusée (les yeux bandés), ne crie plus. On peut penser à de la lassitude de la part de la victime…

 

De même, que penser de l’ordalie ? 

L’ordalie est un ancien mode de preuve en justice. C’est le « jugement de Dieu ». Les accusés sont soumis à des épreuves (qui ressemblent de près à de la torture), et si ils en sortent, c’est que Dieu les a jugés innoncents.

Outre les aiguilles dans le corps, les sorcières sont donc soumises à des épreuves variées : marcher sur des fers rougis au feu, plonger un bras dans un chaudron bouillant, traverser des bûchers.

L’épreuve la plus souvent utilisée est celle de l’aqua frigida : la sorcière est plongée entière dans de l’eau glacée (souvent une rivière). Si elle se noie, elle est innocente (l’eau bénie l’a acceptée), si elle flotte… Elle est coupable. Montesquieu estime d’ailleurs que bien des femmes âgées ont été injustement accusées de sorcellerie, puisque leur corps frêle avait tendance à flotter.

Le pardon collectif 

Il reste néanmoins que seul un petit nombre de ces femmes « sorcières » a réellement été exécuté. La plupart du temps, on essaie de faire en sorte que la communauté villageoise se réconcilie avec le sorcier ou la sorcière. On voit ainsi que ce qui tracasse le plus les autorités, c’est la discorde dans le village.

Les procès très connus aboutissant à la mort du prévenu sont souvent des procès éminemment politiques.