Dans la mythologie grecque, on les appelle les Erinyes. Pour les Romains, elles sont les Furies. Découvrez ces déesses infernales, dont quelques-unes sont connues dans le folklore historique, ou peuvent être croisées au détour d’un roman ou d’un film…

Tisiphoné, Alecto et Mégère

Selon la légende grecque, les Erinyes étaient au nombre de trois : Tisiphoné, Alecto et Mégère. C’étaient des vieilles femmes, des créatures hybrides, pourvues d’une tête de chauve-souris, d’une chevelure de serpents et d’yeux sanguinolents.

Tisiphoné

Tisiphoné telle qu’imaginée dans l’univers des jeux vidéo

Les Erinyes vengeresses des morts

Elles vivaient dans l’Erèbe, lieu sombre des Enfers, où elles recueillaient les doléances que leur confiaient les morts au sujet de leurs enfants, parents, amis, ou simples connaissances. Elles partaient ensuite persécuter les coupables, ne leur laissant aucun repos. Elles les pourchassaient partout où ils se trouvaient, à tout moment du jour ou de la nuit. De leur fouet clouté, elles frappaient cruellement leur proie jusqu’à ce que mort s’ensuive.

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Alecto selon un jeu de cartes pour adolescents

Trois noms qu’on ne doit pas prononcer

Justicières impitoyables, elles étaient si redoutées que leur nom était tabou : on ne devait jamais le prononcer. Les mortels les nommaient par des moyens détournés, sans utiliser leur vrai nom. On les appelait par exemple les Euménides, ce qui signifie les « Bienveillantes ».

Mégère

Mégère dans la statuaire grecque

Les trois Furies

Les Romains les ont intégrés à leur panthéon, sous le nom des Furies. Les mots « fureur » ou « furieux » en sont directement dérivés et expriment toute la rage et la colère qu’on prêtait alors aux démones.

Une explication psychanalytique ?

Les Erinyes semblent être une allégorie de la conscience morale dans son rôle de censeur, de juge et d’administrateur des peines, notamment sous la forme de la culpabilité. Elles évoquent la lutte intérieure, douloureuse et impitoyable, qu’éprouve chaque personne lorsqu’elle se sent ou qu’on la sait coupable.
En psychanalyse, on pourrait estimer qu’elles sont la matérialisation du Surmoi.

Dans la littérature

« Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? ». Si tout le monde connaît ce vers, on en ignore souvent l’origine et la signification. Il s’agit d’un extrait de la pièce de théâtre Andromaque, de Racine, rédigée en 1667. Ce vers est placé dans la bouche d’Oreste, qui voyant arriver la mort, croit que les Erinyes sont venues se venger de lui, et s’adresse donc aux trois Furies en leur demandant si les serpents qu’elles portent en guise de coiffure sont bien venus pour le punir.
Les Erynies ou Furies ne nous sont donc pas de parfaites inconnues. On les croise volontiers dans la littérature ou le cinéma. Elles personnifient la vengeance et rappellent comment les Grecs ou les Romains faisaient appel aux dieux pour exprimer leurs propres sentiments d’angoisse ou de culpabilité.